Souvenir de Récréation: les Mains dans la Terre

Comme vous, j’ai été initiée à ce jeu dès l’enfance en cour de récréation. Un peu de terre, un peu d’eau et c’était parti pour de chouettes instants à jouer dans la boue. Depuis l’ouverture de l’atelier Elephantom, ce jeu de terre, est revenu dans ma vie et je vous l’avoue sans honte : c’est un vrai plaisir !

Depuis, j’ai pu redécouvrir les ficelles de ce jeu sur l’argile, fraîchement tournée, : les différentes textures obtenues , la position des mains sur la pièce créée, la vitesse du tour et celle des gestes. Je me souviens de l’émerveillement, à la sortie du four, du premier cache-pot texturé, qui a pris vie sur le tour ! Découvrir le jeu de lumière sur la pièce et toucher le relief créé d’une caresse des doigts.

De cette première expérience de la barbotine, j’ai aussi découvert que cela me permettait de gagner en sérénité. Je pressentais que ce jeu, en plus de créer des poteries offrant une expérience tactile unique, allait me permettre de me recentrer. Je m’abandonnais à la barbotine et je retrouvais le plaisir des jeux ludiques mais aussi le calme. C’est un peu cela le jeu de la barbotine sur le tour. Mon mental, envahi d’émotions et de préoccupations multiples, en profite pour chasser ses nuages intérieurs. Comment ? En se concentrant lors du centrage de la terre et lors du tournage de la pièce, en déposant la terre liquide et en laissant les doigts créer et jouer pour terminer la pièce apaisée.

La barbotine me procure la même joie que celle procurée aux enfants jouant avec la boue dans la cour de récréation.

Arrive ensuite la seconde étape, créer une autre céramique de la même collection. Je m’assieds devant le tour et je commence en refaisant mes gammes telle l’époque où j’apprenais le piano. Centrer, creuser, monter les parois. A chaque nouvelle pièce, la mémoire des gestes s’installe, les formes créées s’inscrivent en moi. « Pour tourner, il faut être présente à la terre », me disait Stéphanie lors de mes premiers cours de tournage. Et elle avait raison, il me suffit d’être présente pour que ces formes ressurgissent. Au fur et à mesure des séances, je ne peux m’en empêcher, j’élargis mon répertoire. Quel plaisir de jouer !